ÉDITO

POP & PSY 2025

Ground control

La santé mentale dans le rétro ?  

Partir un jour ou faire du surplace ? Scruter l’avenir ou regarder dans le rétro ? L’époque est plutôt à « Retour vers le futur », avouons-le.  En témoigne cet air de déjà vu qui nous saisit en regardant Demi Moore jouer les stars de l’aérobic dans « The Substance », Juliette Armanet danser en rollers sur les 2B3 dans « Partir un jour », la série « Stranger Things » s’ériger en phénomène mondial, le rock FM de Lady Gaga sur « Mayhem » ou la synthwave de The Weeknd envahir les plateformes de streaming, la banane se retrouver dans tous les défilés de mode. Comme si 2025 n’était qu’un reboot des 80’s ou des 90’s, ou un prequel des années 2000 sur fond de walkman, de GameBoy et de couleurs fluo. 

Mais que nous dit cette obsession du rétro qui hante la pop culture ? Que l’époque est si anxiogène qu’on préfère se tourner vers des références connues et rassurantes ? Que la nostalgie est devenue bankable à force de remakes et de reboots ? Qu’on craint tellement l’avenir, qu’on le préfère pixellisé, version VHS ? 

Nous aussi, au festival Pop & Psy, on adore les mini-shorts et le Rubik’s Cube, Véro et Davina et le Polaroid – what else ? – et c’est pour cela que nous avons décidé de placer cette quatrième édition sous le signe du rétrofuturisme. Une manière stylée de revisiter le passé, sans pour autant l’idéaliser. Car n’oublions pas que derrière les paillettes et les époustouflantes carrières des mégastars des années 80 – telles Prince, Whitney Houston, George Michael ou Michael Jackson (dont le biopic est attendu cet automne), toutes décédées en pleine gloire – se cristallisaient beaucoup de souffrances. Si elles avaient eu les réseaux sociaux pour s’exprimer, nul doute que les stars de l’époque se seraient confiées sur leurs troubles psychiques et qu’elles auraient discuté avec leurs fans de santé mentale, une notion qui n’est certes pas née avec Internet. 

Si on peut regretter les pin’s et Kiki, le Kiki de tous les Kikis, difficile aussi en effet, quand il s’agit d’évoquer la santé mentale, de ne pas noter qu’en 1981, on servait encore du vin dans les cantines scolaires françaises. Ou qu’il aura fallu attendre 1987 pour que l’homosexualité sorte du registre des maladies psychiatriques (le fameux DSM). 

Ground control

En 2025, si on regarde dans le rétro, on sait aussi avancer vers l’avenir. Des progrès ont été faits, depuis les années 80, en termes de prévention et de prise en charge des troubles psychiques : le taux de suicide a ainsi diminué de 30% chez les hommes et de 50% chez les femmes (1). Et le gouvernement a, cette année, déclaré la santé mentale Grande Cause Nationale, ce qui a permis à de nombreuses initiatives de voir le jour. Citons l’émergence de plusieurs documentaires sur le sujet sur les chaînes hertziennes, ou l’engagement d’acteurs publics ou privés pour le Mois de la Santé Mentale de la Mairie de Paris. 

Au festival Pop & Psy, nous poursuivrons avec foi et enthousiasme notre mission (tout en imaginant déjà une foule de festivaliers sur rollers en tenues fluo). Pour cette quatrième édition, nous mettrons donc en lumière la santé mentale des plus vulnérables, comme les enfants victimes de maltraitance, tenterons de cerner les effets de la violence sur la psyché des plus jeunes, en écho à la série « Adolescence » ou donneront la parole aux personnes, de plus en plus nombreuses, qui ne tiennent les cadences infernales au travail qu’avec la cocaïne. 

En 2024, selon une étude, 94% des festivaliers ont trouvé que le festival Pop & Psy répondait à leurs attentes, tant sur le développement des connaissances sur la santé mentale que sur le plaisir de participer à l’évènement. 64% d’entre eux ont identifié une ou plusieurs structures qui pourraient leur être utiles, à eux ou à leurs proches. Enfin, un tiers des festivaliers déclarent que venir au festival a changé leur perception de la santé mentale. Ces scores nous honorent, et nous obligent à faire toujours plus captivant et spectaculaire. 

Alors, préparez vos tenues en Lycra, enfilez vos power suits et accrochez vos pin’s, mais surtout ouvrez grand votre esprit pour cette quatrième édition du festival Pop & Psy ! Le rétrofutur façon « Stranger Things » est à vous ! 

(1) https://www.observationsociete.fr/modes-de-vie/divers-tendances_conditions/evol_taux_suicide/

Dr Jean-Victor Blanc, fondateur et directeur éditorial  du Festival Pop & Psy