Selon un sondage de l’Institut Odoxa pour Culture Pop & Psy et Doctolib, si la santé mentale reste un sujet tabou pour 7 Français sur 10, le développement des prises de parole de personnalités publiques et des œuvres culturelles sur le sujet contribue à mieux comprendre cet enjeu. Conduite sur un échantillon représentatif de la population française, cette enquête évalue la perception des Français sur la santé mentale et l’impact de la pop culture (1) .

Un tabou persistant mais des préjugés qui reculent

Si la santé mentale a gagné en visibilité dans les médias et  le débat public, il reste tabou pour de nombreux Français, en particulier dans la sphère familiale. Seuls 36% des Français déclarent avoir déjà parlé de leur santé mentale à leur entourage (conjoint, famille, amis).

Pourtant, la santé mentale est un enjeu tant préventif que curatif, qui concerne directement de nombreux Français :

• Ils sont prêt d’un tiers à avoir déjà pris des médicaments pour la santé mentale ;
• 1 Français sur 4 a déjà consulté un psychologue ;
• 1 Français sur 10 déclare avoir déjà été hospitalisé pour un trouble psychique.

Si la santé mentale demeure un sujet tabou pour 7 Français sur 10, elle est néanmoins reconnue comme un enjeu de santé à part entière pour une grande majorité d’entre eux :

• 86% des Français considèrent que la dépression est une maladie ;
• 88% des Français estiment que la santé mentale est au moins aussi importante que la santé physique.

D’autres préjugés ont encore la vie dure même s’ils restent minoritaires : 44% des Français affirment aujourd’hui que les addictions sont dues à un manque de volonté (57% pour les plus de 65 ans) et 40% des Français considèrent que les personnes atteintes de troubles psychiques sont dangereuses (32% chez les 18-24 ans, 57% chez les plus de 65 ans).

(1) Enquête réalisée auprès d’un échantillon de 1005 Français représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, interrogés par Internet les 6 et 7 septembre 2023.

Les préjugés et les fausses idées sur la santé mentale d’ailleurs sont plus ancrés chez les hommes :

• 1 homme sur 5 considère que la dépression n’est pas une maladie (contre 1 femme sur 10) ;
• Près d’un homme sur deux considère que les addictions sont dues à un manque de volonté (48%, contre 39% chez les femmes) ;
• Plus d’un homme sur trois (35%) considèrent que la santé mentale est une mode, une manière pour certaines personnes d’attirer l’attention (contre 20% chez les femmes)

Globalement, l’étude témoigne de profondes différences générationnelles vis-à-vis de la santé mentale, aussi bien par rapport aux préjugés, plus présents chez les plus âgés, que s’agissant de la libération de la parole : 47% des 18-24 ans ont déjà parlé de santé mentale à leur entourage, contre seulement 20% des plus de 65 ans.

Des témoignages et des oeuvres qui contribuent à mieux comprendre la santé mentale

Pour les Français, les professionnels de santé restent la référence en matière de santé mentale. Près de 82% d’entre eux les citent parmi les 3 catégories de personnes qu’ils écoutent le plus lorsqu’elles parlent de santé mentale, loin devant “l’entourage” (41%) ou “toutes autres catégories de personnes”.

Mais d’autres acteurs peuvent aussi jouer un rôle pour mieux appréhender la santé mentale, en particulier auprès des plus jeunes. Près de 64% des 18-24 ans citent au moins une autre figure que les professionnels de santé ou leur entourage parmi les personnalités qu’ils écoutent le plus lorsqu’ils parlent de santé mentale. En effet, les personnalités publiques (sportifs, artistes, entrepreneurs, politiques) et leurs témoignages résonnent chez de nombreux Français. 59% d’entre eux ont le sentiment que cela permet de libérer la parole sur la santé mentale (68% chez les 18-24 ans).

Les réseaux sociaux sont désormais perçus comme un canal privilégié pour s’exprimer sur la santé mentale. Néanmoins leur impact divise. Leurs principaux utilisateurs, à savoir les plus jeunes, sont majoritaires à considérer qu’ils contribuent à lever les tabous sur la santé mentale (60% chez les 18-24 ans, 52% chez les 25-34 ans), contrairement aux plus âgés (seulement 20% chez les plus de 65 ans). Près de la moitié des 18-24 ans pense qu’ils sont une source d’information utile sur la santé mentale (48%). Globalement, 2 Français sur 3 considèrent que les réseaux sociaux apportent plus de problèmes que de solutions en matière de santé mentale, un sentiment encore plus présent chez les personnes atteintes de troubles psychiques (74%).

Selon Dr Jean-Victor Blanc : “Les prises de paroles de personnalités publiques et les œuvres culturelles sont indispensables pour sortir des tabous qui entourent encore la santé mentale. C’est quelque chose qui n’existait pas il y a 20 ans, une révolution qui vient de commencer. Lorsqu’une personnalité atteinte de troubles psychiques fait son coming out et explique son parcours de rétablissement, c’est une puissante source d’espoir pour toutes les personnes concernées. À nous d’encourager ces prises de parole qui déstigmatisent les troubles psychiques.

 L’étude illustre aussi une vraie rupture générationnelle sur le sujet de la santé mentale. Les plus jeunes ont bien plus conscience qu’il s’agit d’un enjeu de société. En tant que professionnels de santé, nous devons trouver les moyens de renforcer la fiabilité des informations disponibles en matière de santé mentale, notamment sur les réseaux sociaux.“

Stromae et Vol au-dessus d’un nid de coucou, artiste et oeuvre de référence en matière de santé mentale

Une majorité de Français (56%) estiment que les prises de parole de personnalités sur la santé mentale aident à mieux comprendre cet enjeu (près de 80% chez les 18-24). Avec de plus en plus de personnalités engagées sur ces questions, l’enquête a établi le classement de celles qui avaient le plus d’impact auprès des Français. C’est Stromae qui ressort en tête des personnalités qui ont le plus contribué à comprendre les problèmes de santé mentale pour 39% des Français. Il est suivi de Michel Cymes (35%) et Louane (19%) complète le podium (2).

Les Français citent les films et séries comme la troisième source d’informations sur les problèmes de santé mentale (25%), après les professionnels de santé (73%) et les campagnes de santé publique (52%). Presque 50 après sa sortie en salle, Vol au-dessus d’un nid de coucou ressort toujours comme l’œuvre cinématographique la plus citée à propos de la santé mentale, devant Je vais bien ne t’en fais pas et A Star is Born. Chez les 18-24 ans, Joker de Todd Phillips arrive en tête. S’agissant des séries, les créations originales Netflix 13 Reasons Why et Sex Education sont les plus citées par les plus jeunes pour mieux comprendre les enjeux de santé mentale.

(2) Les répondants pouvaient choisir jusqu’à 3 célébrités parmi une liste de 13 personnalités françaises et internationales ayant récemment pris la parole sur la santé mentale. 

A propos de Culture Pop & Psy

Culture Pop et Psy a été crée en 2019 par Dr Jean-Victor Blanc (médecin psychiatre à l’APHP, enseignant à Sorbonne Université et auteur) afin de changer l’image des troubles psychiques dans notre société. Il démystifie les troubles psychiques à l’aide de la pop culture dans ses livres ( « Pop & Psy » (Plon, 2019) ,« Addicts » (Arkhê, 2021) ),conférences, podcasts et sur les réseaux sociaux (@culturepopetpsy). En 2022, le Festival Pop & Psy est cofondé avec Florence Trédez (journaliste au ELLE) et Emmanuelle Fellous : un évènement culturel et scientifique, gratuit, à but non lucratif, inclusif et engagé pour la santé mentale. Ses objectifs: dépoussiérer les idées reçues sur les troubles psychiques, éduquer avec une approche scientifique et ludique, dé-stigmatiser et libérer la parole grâce à des partages d’expérience inspirants et enfin favoriser l’inclusion des personnes concernées. Sa 2ème edition aura lieu du 24 au 26 novembre 2023 à Ground Control (Paris 12ème). Plus d’infos : https://popetpsy.fr/.

À propos de Doctolib

Depuis 2013, Doctolib poursuit un seul objectif : œuvrer pour un monde en meilleure santé. Grâce à sa technologie et ses services innovants, Doctolib améliore le quotidien de plus de 340 000 personnels de santé. Doctolib accompagne également plus de 70 millions de patients à travers l’Europe, en créant des parcours de soins plus rapides et fluides, de manière sécurisée. Doctolib est présent dans plus de 30 villes en France, en Allemagne et en Italie. Ses 2 800 collaborateurs sont pleinement engagés pour améliorer le secteur de la santé avec une approche centrée sur l’humain et un esprit entrepreneurial.

A propos d’Odoxa

Odoxa est un institut de sondage français et indépendant fondé en 2014 par Gaël Sliman et Céline Bracq, deux professionnels des sondages et des médias. Spécialiste des enquêtes d’opinion, Odoxa publie plus près de deux cents études chaque année sur de nombreuses thématiques telles que la politique, l’économie, le sport, les évolutions sociétales et s’est aussi spécialisé dans les enquêtes de santé publique.